La question de la crise migratoire face au dérèglement climatique

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Demain, une déferlante de réfugiés climatiques ?

A l’heure actuelle où la crise migratoire ne cesse de susciter des débats assez controversés à travers le monde, la problématique des changements climatiques devrait aussi tenir compte des déplacés environnementaux et climatiques. D’où l’émergence d’une nouvelle forme de migration. Si par le passé migration avait comme principaux causes la recherche de l’emploi et l’instabilité politico-militaire, au cœur du 21ème siècle, ce phénomène intègre un peu plus le dérèglement climatique.

En 1995, avec la parution du deuxième rapport du GIEC[1], les scientifiques comprennent enfin que le phénomène des changements climatiques est aussi lié à l’activité humaine. De ce fait, l’homme est en grande partie responsable du réchauffement climatique. Il faudrait que l’on réduise de 70% les émissions mondiales des gaz à effet de serre d’ici 2050 par rapport à 2010 afin de placer la planète à une température de 2o C, voire 1,5o C. (cinquième rapport du GIEC, datant de 2014). Dans ce même rapport, les scientifiques prévoient une hausse du niveau des mers (soit d’un (1)mètre) et une élévation de température (de 4,8o C). Néanmoins, nous devons reconnaître qu’en 1972, au cours de la première conférence de Nations Unies sur l’environnement à Stockholm, est née une certaine conscience environnementale. Les acteurs internationaux ont commencé à comprendre la nécessité d’une meilleure gestion des ressources en matière première.

Mais, en decembre 2014, les tenants de la COP[2]21 ont compris la teneur des enjeux climatiques. Ils se trouvent donc confrontés à de grands défis planétaires tels que l’adoption d’un accord contraignant, la diminution de la température, une transition énergétique… Toutefois, la question des déplacés environnementaux semble ne pas faire l’objet de profondes réflexions. Or, entre 2008 et 2014, selon le IDMC[3], 166 millions de personnes ont été retrouvées sur les routes, soit 27,5 millions par année, suite à des cataclysmes naturels. Les menaces environnementales pèsent lourdement de jour en jour sur les villes côtières. C’est pourquoi les petits états insulaires sollicitent un siège à l’ONU[4]. Aussi, ils font face à la disparition de certaines espèces. En Haïti[5], par exemple, nous assistons depuis 2015 à une certaine disparité des mangroves et des coraux sur le littoral. Depuis cinq années environ, une des localités de Port-salut (Zone sud du pays) se trouve déjà sous l’eau. A noter que la mer se veut un grand régulateur du climat car elle produit plus de 50% de l’air respiré et absorbe environ 30% du CO2 . 

 

  Nous devons comprendre que la crise migratoire ne fait que commencer. Le cinquième rapport du GIEC a fait état de la déstabilisation des populations due au dérèglement climatique. On prévoit même que le Bengladesh perdra d’ici 2050 17% de son territoire à cause de l’érosion. En Haïti, en 2004 et en 2008, suite aux deux ouragans qui ont frappé la ville des Gonaïves, on a assisté à une migration massive de la population vers la capitale. Après le tremblement de terre de 2010, la situation s’est encore aggravée. Une certaine migration vers la France, le Canada et les U.S.A a été observée.

 

 

[1] Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat crée en 1988 (IPCC en anglais). Constitué de plus de 2000 experts, il comprend trois groupes thématiques et est placée sous la tutelle de l’OMM et le PNUE.

[2] La conférence des parties(COP) est l’organe principal de la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur les changements Climatiques). Ce fut la vingt unième cette année tenue à Paris du 30 nov. au 11 déc.

[3] Internal Displacement Monitoring Center

[4] Organisation des Nations Unies créée en 1945 après la deuxième guerre mondiale dont le but principal est de rétablir la paix à l’échelle mondiale.

[5] Une île de la Caraïbe.

 

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