La révolte des indignés

Like111
Post
Image
Picture of Rim

Je suis QACHACH Azhar Rim, j'ai 26 ans et je suis coordinatrice de projets chez Amnesty International Morocco. J'ai voulu répondre à quelques questions sur ma vision de l'engagement de la jeunesse.

Quelles sont les attentes de la jeunesse de ton pays, communauté ?

Nous vivons dans une société où la jeunesse cherche à retrouver sa place, à entreprendre, à être créative et à changer le monde. Nous sommes très ambitieux, parfois trop, cependant quand l’excès se joint au positif, c’est parfait.

Mais certaines réalités cruelles se mettent face à nos espérances. Si l’on considère que nous sommes l’espoir de cette patrie, une jeunesse qui veut vivre comme elle l’entend et non pas comme on voudrait lui faire entendre, le manque de liberté nous empêche de nous donner à 100% sans oublier que très peu de jeunes sont pris au sérieux. Je pense que du haut de mes 26 ans, je pourrais parler au nom de beaucoup, dire à quel point nous voulons vieillir dans un pays où notre dignité est préservée, où nos rêves sont possibles, où nous jouissons de tous nos droits, et surtout où nous avons accès à une très bonne éducation, facteur clé de tout succès.

En quoi la participation des jeunes est selon toi nécessaire/importante pour nos sociétés d'aujourd'hui ?

La participation des jeunes représente pour moi « La révolte des indignés ». Si l’on décrit la situation post printemps arabe, nous pouvons conclure que grâce à la mondialisation des médias et des réseaux informatiques, de nouvelles visions d’avenir se sont propagées au Maroc et ailleurs et ont nourri chez les jeunes l’espoir de satisfaire des besoins de plus en plus universels, liberté droit et dignité.

Malheureusement ou heureusement, je ne suis plus sûre, la jeunesse arabe n’a plus confiance. Elle n’accorde foi ni à l'establishment politique, qui s’est révélé inefficace, ni aux partis politiques d’opposition, jugés impuissants. La confiance dans les médias officiels, accusés de désinformation et de manipulation, est devenue inexistante. À la place, les jeunes se sont réappropriés de nouvelles formes d’expression politique et de contestation, et se sont créés des espaces d’échange où ils peuvent exprimer leurs idées en « liberté ».
Néanmoins, parler n’est plus suffisant, le mécontentement et le chômage, qui touchent la majorité d’entre nous, nous ont conduits à remettre en cause l’autorité établie et à transformer la lutte pour le « pain » en une révolte pour une vie digne.

La nécessité d’agir se fait sentir et il est maintenant primordial de changer avec la jeunesse et pour la jeunesse, surtout que cette dernière représente 30% de la population.

Comment vois-tu ton pays dans 20 ans ?

Je ne vois pas, je rêve d’un pays. Un Maroc qui n’est pas l’Eldorado des pédophiles, un Maroc où la corruption n’est que passé, un Maroc avec les meilleurs écoles et universités. Un Maroc où la jeunesse est fière et non opprimée. Un Maroc où je ne pleure pas mon présent mais j’agis pour mon futur.

Un Maroc différent.

Quelle est ta devise ou ta phrase/expression préférée?

« There is a higher court than courts of justice and that is the court of conscience. It supercedes all other courts. »

Mahatma Gandhi

Je pense que cette citation résume le tout. Il suffit de la lire, de la comprendre et de l’appliquer pour vivre autrement.

As-tu un conseil ou un message à faire passer aux autres jeunes?

Mes pairs doivent impérativement réaliser que nous ne sommes pas obligés de quitter le pays où nous avons grandi, renoncer à nos rêves et choisir l’exil pour vivre un patriotisme à distance. Nous pouvons changer notre présent, si seulement nous nous montrons plus forts que les barrières illusoires auxquelles nous sommes confrontés, et que nous choisissons de ne plus être indifférents.

Entretiens
Maroc